La plupart des hommes combattent, sans véritable conviction, laissant essentiellement s’exprimer le sens du devoir et de la survie. Ils tuent dans un état alternatif; indéfinissable, semblant céder, parfois avec délice, à un mal nécessaire…
« – Vas-y, vieux, régale-toi.
-Je vise, je tire et le boche s’abat.
-Ça y est, tu l’as eu ton fritz, me crie le petit gars en riant.
Est-ce réellement ma balle qui l’a atteint ? Je ne sais pas, mais j’en ai éprouvé une grande satisfaction. Quelle épouvantable chose que la guerre qui crée de telles mentalités. Je suis heureux d’avoir abattu un être humain. Un pauvre diable qui, comme moi, a souffert toutes nos misères… »
(Ma Grande guerre, Gaston Lavy.)