Est-il possible de dresser une hiérarchie du handicap ? Outre ces blessés de la face et de la tête, des poilus sont amputés d’un ou plusieurs membres. D’autres, touchés à la colonne vertébrale, deviennent paraplégiques voire tétraplégiques. Les gazés, souffrant d’insuffisance respiratoire, ne sont guère mieux lotis et ne peuvent reprendre une vie normale. Ils succombent à leurs blessures à plus ou moins brève échéance.
Au total, ce sont plus de 3 000 000 de soldats français qui sont touchés dans leur chair durant cette guerre, dont 100 000 grands invalides, âgés pour la plupart de 19 à 40 ans. En 1919, au moment de l’élaboration du traité de Versailles, des représentants des gueules cassées participent aux débats, témoignant ainsi de l’inhumanité des combats.