Vers 7 heures du soir, lorsque le tramway qui vient de Limoges arriva au pont de la Glane, près de Puy-Gaillard, il fut soudainement arrêté par des S.S. Les voyageurs terrorisés furent divisés en deux groupes : les habitants d’Oradour, et les autres; pour ceux-ci on leur donne l’ordre de retourner à Limoges; pour ceux-là, une vingtaine environ, on les aligne devant une palissade, une mitrailleuse braquée sur eux. Ils attendent la mort. Ils attendirent trois heures, au milieu des plaisanteries des Allemands véritablement ivres de feu et de sang.
Quand au bout de ce temps on leur dit qu’ils sont libres, ils n’en peuvent croire leurs yeux; hébétés, ils s’en vont demander asile dans les hameaux environnants, car il leur est interdit de rentrer à Oradour. Que s’est-il passé au village qu’ils ont quitté le matin ? Les flammes tourbillonnent dans la nuit commençante : l’appréhension, l’horreur, étreignent toutes les poitrines; Oradour brûle; que sont devenus les habitants ? Hélas !…