Après de longues heures d’angoisse, dans l’incertitude du sort de ceux qu’elles ont laissés sur le Champ de Foire – et les rafales de mitrailleuses entendues laissent tout présager – voilà que les femmes voient s’ouvrir la porte de l’église. Enfin ! Est-ce la liberté ? Déjà s’ébauche le mouvement de sortie, sur le visage des petits enfants un timide sourire se dessine… Mais les deux Allemands qui sont entrés referment la porte; ils vont déposer près de la table de communion une caisse volumineuse d’où dépassent des cordons; à ces cordons ils mettent le feu, puis sortent en refermant la porte derrière eux. Presque aussitôt une explosion se produit; une fumée âcre; suffocante, se dégage. Quel affolement, alors ! « Nous allons mourir ! Nous allons mourir asphyxiés, brûlés ! »
Les enfants se jettent sur leur mère; des cris, des supplications jaillissent, bientôt étouffés par la fumée. Dans une vision infernale, les malheureuses victimes fuient en tous sens, se heurtant aux issues fermées, s’agrippant aux murs : par où s’échapper ? Sous la pression de cette masse hurlante, aux forces décuplées par la terreur, la porte de la sacristie cède; le salut, peut-être ? Non. Les tortionnaires ont songé à tout; ils se sont embusqués à l’extérieur et, par les fenêtres, tirent de toutes leurs armes. Quel carnage ! Femmes, enfants s’écroulent les uns sur les autres; aucun refuge ! Aucun recoin n’est épargné.