La Grande Guerre a franchi un vĂ©ritable seuil dans la violence, dans la brutalitĂ© faite au corps des soldats. Les mĂ©decins, au cours de ces quatre annĂ©es de conflit, ont observĂ© des traumatismes auxquels ils ne s’attendaient pas. Les projectiles ont dĂ©truits les visages, lacĂ©rĂ© les corps, broyĂ© les membres. Mais cela n’est que de la face visible, car il y a eu aussi la face cachĂ©e des dommages : le pĂ©ritoine qui recouvre l’abdomen, la plèvre qui enveloppe les poumons… Ces blessures revĂŞtent une dimension jusque-lĂ inconnue. Jamais en effet jusqu’alors le corps mĂ©dical n’avait pu examiner de telles blessures corporelles et encore moins en nombre si important. Comment ont pu rĂ©agir ces mĂ©decins du front opĂ©rant si près des champs de bataille, comment ont-ils pu rendre compte d’une telle horreur ? De plus, comment appliquer pour ces mĂ©decins l’enseignement qu’ils avaient reçu en temps de paix face Ă ces traumatismes, ces blessures auxquels ils Ă©taient confrontĂ©s ? ConfrontĂ©s Ă la souffrance, il leur faut prendre des dĂ©cisions qu’ils estiment bonnes. Que faut-il faire face Ă une blessure aux membres, bras ou jambes qu’importe ? Tenter de rĂ©parer ou bien amputer ?